Dès les premières mesures de Last Supper, Brocarde impose un climat chargé, à mi-chemin entre rituel païen et confession intime. Portée par une production solide signée Chris Collier (Korn, Prong), la chanteuse britannique déploie une esthétique théâtrale où le rock se fait cathartique, presque sacré. La tension dramatique ne faiblit jamais, alimentée par une voix qui sait aussi bien hurler l’indignation que murmurer le doute.
Le texte, truffé de références bibliques, interroge frontalement nos choix dans une société obsédée par l’image et le statut. Brocarde pose une question qui dérange : que consommerait-on à son dernier repas — l’auto-indulgence ou le retour aux sources, symbolisé par l’étreinte maternelle ? Ce dilemme moral, livré avec une dose assumée de sarcasme, dépasse la simple provocation. Il s’agit ici d’un miroir tendu à notre époque, et ce que l’on y voit n’est pas toujours flatteur.
Dans la lignée de figures comme In This Moment ou Poppy, Brocarde brouille les lignes entre performance et introspection. Elle se joue des codes visuels et sonores pour mieux les renverser. « Parfois, il semble impossible d’échapper à la culture populaire », confie-t-elle. « Avec le temps, j’ai appris à la regarder en face, à l’embrasser, puis à la défier avec ma voix. » Une posture artistique aussi lucide que combative.
Last Supper n’est pas une simple chanson : c’est une prise de position. Une œuvre qui secoue, qui provoque, mais surtout qui pousse à la réflexion. Dans un paysage musical souvent aseptisé, Brocarde s’affirme comme une voix singulière, capable d’habiller le chaos contemporain avec style… et avec sens.

