Tout commence dans une atmosphère électrique. American Death, le nouvel album de Caleb L’Etoile, n’a rien d’un projet conçu dans le confort. Il a été pensé comme un objet vivant, construit au fil des mois, au rythme des secousses politiques qui ont agité les États-Unis. Ce n’est pas un simple recueil de chansons : c’est un témoignage à chaud, tendu entre lucidité et rage.
“Marigold, Your Hair is on Fire” donne le ton. Écrite dans les jours suivant le retour au pouvoir de Trump, la chanson navigue entre colère sourde et chagrin contenu. Caleb ne cherche pas l’apaisement : il chante “rouge de colère”, “bleu de chagrin”, les mots déversés comme pour conjurer l’effondrement en cours.
Les titres s’enchaînent comme des chapitres d’une dystopie bien réelle. Sur “Food For My Baby”, l’auteur imagine la survie dans un monde où l’autoritarisme devient quotidien, avec pour seul repère l’amour qu’il porte à son chien Rory, devenu symbole d’innocence à préserver.
“GOD IS GREATGOOD” et “Aw Hell” creusent plus loin : hypocrisie religieuse, traumatismes spirituels, contradictions d’une foi pervertie par la haine. Chaque morceau porte une tension propre, entre folk brut, pop expérimentale et rock incendiaire.
Clôturant l’album, “Kerosene” embrase tout. Percussions haletantes, guitares nerveuses, voix qui vacille. On n’en sort pas indemne. Avec American Death, Caleb L’Etoile signe une chronique poignante de notre époque, où l’intime et le politique se confondent dans un cri lucide.