Avec Nashville Recordings, Vol. 3: Travelogues, E.G. Phillips poursuit son exploration des paysages sonores où la géographie devient prétexte à l’introspection. L’auteur-compositeur de San Francisco signe ici un voyage entre fiction et réalité, quatre morceaux qui dessinent un carnet de route poétique, entre le sable du Nevada et les comptoirs d’un diner du New Hampshire.
Le périple s’ouvre avec “Nevada”, chanson hypnotique qui tient du mirage. Sur une boucle dépouillée, Phillips évoque la fuite, la perte, la recherche d’un ailleurs où se dissoudre. La voix, presque incantatoire, semble portée par le vent chaud du désert. Puis survient “The Evil Pooh Bear of San Felipe”, un détour aussi étrange que savoureux, nourri de trompettes à la Mingus et d’images surréalistes. On y croise un ours malicieux, des highways poussiéreuses et des ombres mexicaines – un morceau qui flirte avec la frontière du rêve et du délire.
Au centre de l’EP, “Further Than I’ve Ever Been Before” déploie une écriture plus ample, presque mythologique. De la Patagonie à la Mésopotamie, le voyage devient intérieur : celui d’un homme en quête de sens, porté par une émotion vibrante. Enfin, “Half My Age” referme le carnet sur une note douce-amère – un dialogue furtif autour d’un café, un instant suspendu où le temps s’arrête, l’espace d’une conversation.
À travers ces quatre titres, Phillips transforme la route en langage. Travelogues n’est pas seulement une collection de chansons, c’est un itinéraire de mémoire et de rêve – un voyage qui, comme tout vrai départ, laisse derrière lui une trace indélébile.