À contre-courant des formats bien rangés et des productions stériles, The Stolen Moans surgit avec un premier album étonnant : Elbows Don’t Have Eyes. Derrière ce titre intrigant, le trio compose une œuvre fougueuse et décapante, où se croisent rock alternatif, punk incendiaire et textures sonores hantées.
Dès les premières secondes du Prélude, une tension palpable s’installe. Puis surgit The King of Claws, hymne félin et rageur. Les riffs accrocheurs taillent dans le vif, portés par une voix féminine ensorcelante qui injecte une intensité vibrante à ce morceau musclé. On sent une patte singulière, entre fureur rock et magnétisme vocal.
Arrive More, clin d’œil à l’époque dorée du punk new-yorkais. L’énergie brute évoque les groupes qui écumaient les clubs mythiques, mais sans nostalgie : c’est le présent qui gronde ici, incarné par un groupe au sommet de sa forme. Damned Sweet renforce cette impression, bâtissant une passerelle entre les âges du rock, nourrie de riffs turbulents et de refrains fédérateurs.
Le projet prend une tournure plus introspective avec Morning Scars, un détour vers une pop rock lumineuse où la tension cède la place à l’émotion. Et quand I’m A Crow se déploie, c’est pour mieux exploser en mille éclats sonores, entre spoken word sombre et déflagrations métalliques.
Elbows Don’t Have Eyes ne se contente pas d’exister : il impose. C’est l’acte de naissance d’un groupe qui mord la vie avec les dents et refuse de rentrer dans les cases.

