Certaines chansons s’écoutent comme des confidences chuchotées dans une cuisine au petit matin. « Fishes », le nouveau single du duo indie-électronique de Brighton Sock Drawer, en fait partie : un morceau qui capture l’instant sans l’embellir, presque comme une mémoire qui se forme sous nos yeux.
Tout commence un soir de concert sur le front de mer. Michael Baker — Roman Joon pour les intimes — aperçoit Ebony Grace sur scène. Le lendemain, un peu de lumière, un premier Bloody Mary, et l’évidence surgit : écrire ensemble. « Fishes » sort d’une seule traite, enregistré sur un micro enveloppé de carton, un bricolage qui donne à la voix cette texture vaporeuse et fragile, presque hors du temps.
Pendant deux ans, le duo façonne son premier album. Ils réarrangent, revisitent, retouchent… puis comprennent que la vérité du morceau était déjà là, intacte, dans ce premier souffle. La version finale conserve donc cette nudité assumée : Michael et Ebony chantent face à face, dans la même pièce, pour ne pas rompre le fil.
Dans cette ballade lo-fi où flottent ambient électronique et boucles déformées, Sock Drawer s’attarde sur ce que l’on oublie trop vite : la mortalité, les souvenirs, la poésie ténue des gestes quotidiens — « la mort, l’amour et faire la vaisselle ». Sur scène, « Fishes » devient un moment suspendu, souvent joué sans amplification, et il touche le public à chaque reprise.
Une chanson comme un battement, un rappel que l’éphémère peut aussi devenir un refuge.

