Avec Vissa dagar, Jens Gustavson signe un album qui semble né d’un matin calme, lorsqu’un simple rayon de lumière suffit à réveiller une émotion. Sorti en octobre 2025, cet album de huit titres s’inscrit dans une veine lo-fi assumée : textures rugueuses, prises live sans fard et chaleur organique. Rien n’y paraît fabriqué, et c’est précisément ce qui fait sa force. On sent Gustavson fidèle à une démarche artisanale, presque nomade, où chaque imperfection devient une vérité.
L’ouverture, Humlor, plonge l’auditeur dans un paysage sonore aux teintes blues et country, comme une route poussiéreuse que l’on traverse sans se presser. La chanson-titre adopte une respiration plus intérieure, suspendue entre la mélancolie et la lucidité. Plus loin, Kommer hem et Huset s’aventurent du côté du foyer, de ce territoire intime où l’on remet de l’ordre dans ses pensées autant que dans ses gestes.
Au milieu de l’album, Vals för utmattade agit comme un interstice fragile, une minute de délicatesse presque murmurée, avant que Chant ne vienne refermer le tout avec une dimension spirituelle inattendue, comme si Gustavson posait une bougie au centre de la pièce avant de s’éclipser.
Ce qui frappe, au fond, c’est la cohérence émotionnelle du projet. Rien n’est spectaculaire : chaque morceau tient de la vignette, du Polaroid sonore. Vissa dagar ressemble à un journal intime capté sur le vif, où la simplicité devient poésie, et où l’artiste rappelle que la vérité tient parfois dans un souffle, une note, un tremblement.

