Avec « Joyce Of The Market », Transgalactica frappe un grand coup et confirme qu’il fait partie de ces formations capables d’allier profondeur historique et audace musicale. La chanson, pensée comme un hommage à l’Irlande moderne, déroule une fresque où se croisent souvenirs de lutte, rêves européens et un clin d’œil appuyé à la Pologne, dont le destin semble parfois se refléter dans celui de l’île verte.
Derrière ce titre au jeu de mots brillant — où le Joyce littéraire se transforme en « joies du marché » — se cache une réflexion sur la transformation d’un peuple, passé de la douleur à la prospérité. Mais là où beaucoup se contenteraient d’un discours, Transgalactica choisit la musique comme vecteur de mémoire. On y retrouve deux thèmes de l’hymne irlandais, subtilement renversés du majeur au mineur, donnant au morceau une gravité presque cinématographique.
Ce qui frappe, c’est la manière dont le groupe tisse des références : Genesis et son envoûtant The Lamia, Deep Purple et l’énergie de Perfect Strangers. Ces influences ne parasitent jamais le propos ; elles l’enrichissent, comme des échos venus d’autres époques, portés dans un souffle contemporain.
La voix du chanteur, profonde et expressive, agit comme un fil rouge. Elle habite le morceau avec une intensité vibrante, sans emphase inutile. Elle raconte autant qu’elle chante, donnant corps à cette Irlande réinventée.
Au final, « Joyce Of The Market » est bien plus qu’un morceau : c’est une chronique en musique, une pièce d’art-rock élégante et dense, qui réussit à faire dialoguer héritage, poésie et modernité.