Après trois décennies de musique partagée en groupe ou en coulisses, Jungaji prend enfin la lumière en solo avec Betting On Blak, un premier album aussi personnel que politique. L’artiste australien, fier représentant des peuples Guugu Yalanji et Birrigubba, signe ici une œuvre hybride, nourrie d’âme, de combat, et de transmission.
La voix, d’abord. Grave, sensible, elle s’installe comme un fil conducteur, oscillant entre la ferveur gospel et les murmures introspectifs. Dès la première écoute, on sent que chaque morceau est un chapitre de vie. La chanson titre, “Betting On Blak”, en est l’épicentre : un chant de survie, un parcours de résilience. Jungaji y revendique son héritage avec une intensité calme mais inébranlable.
Autour, les titres se répondent avec grâce. “Renaissance Rambler” pulse avec urgence, presque brûlant, tandis que “Ol’ Rooster” évoque une douce nostalgie aux contours cinématographiques. Les morceaux en langue guugu yalanji — “Kalkurr” et “Gummy Bamarra” — plongent l’auditeur dans un univers à la fois rêveur et ancré, notamment “Kalkurr”, chanté en duo avec son fils Dean Brady, promesse musicale en devenir.
Romantisme velouté sur “Adore”, envolées aériennes sur “Sun Moon Stars”, groove festif sur le remix final… L’album trace un arc poétique entre passé et présent, entre la terre et l’éther.
Avec Betting On Blak, Jungaji ne cherche pas la tendance. Il raconte. Il élève. Et il nous invite à écouter autrement.