Certains morceaux traversent le temps comme des témoins silencieux. Kalabancoro, né en 2003 dans le quartier du même nom à Bamako, en est un. À l’époque, Richard Bona et Salif Keita y gravaient un chant chargé d’émotion, à la fois intime et universel, profondément marqué par un contexte de guerre et d’instabilité. Deux décennies plus tard, le producteur et guitariste néerlandais Ginton redonne souffle à ce titre avec une sensibilité rare.
Sans jamais altérer les voix originales — celles, puissantes et habitées, de Bona et Keita — Ginton repense la matière sonore. Un tempo plus vif, des basses plus profondes, des grooves plus nerveux, et sa signature de guitare qui glisse avec élégance dans le tissu du morceau. L’influence afro-latine affleure sans prendre le dessus. L’équilibre est là, maîtrisé, respectueux.
Fondateur du label Woody Trees et habitué des collaborations d’envergure, de Drake à Gordo, Ginton ne se contente pas d’un hommage nostalgique. Il tisse un pont. Entre l’Afrique et l’Europe. Entre les années 2000 et notre époque. Entre mémoire et mouvement. Kalabancoro version 2025 devient ainsi plus qu’une relecture : une résonance. Une façon de dire que les racines savent aussi danser avec l’avenir.