Dans une époque où tant de groupes ressassent des recettes déjà mille fois servies, Lazywall fait figure d’exception. Avec Tighaline, le trio marocain prouve qu’il est encore possible de secouer les codes du rock tout en restant fidèle à ses racines.
Dès Madaher, la scène est posée : guitares incisives, voix fédératrice, production léchée… On entre dans un univers où chaque détail compte. Le titre accroche immédiatement, porté par une énergie presque tribale. Vient Invincible, plus mesurée mais tout aussi percutante. Là, c’est la construction sonore qui frappe : couches de guitares superposées, dynamique maîtrisée, tension subtile. On sent une volonté d’artisanat dans la composition.
Reality bouscule ensuite avec une intensité émotionnelle rare. Le chant, chargé de sincérité, navigue avec aisance entre douceur retenue et puissance libérée. Quant à Loumni, il clôt l’EP avec panache, mêlant avec finesse les sonorités moyen-orientales à une base rock solide. Un vrai carrefour sonore, audacieux et profondément personnel.
Avec Tighaline, Lazywall ne cherche pas à plaire à tout prix. Le groupe trace sa propre voie, entre hommage et renouveau. Une œuvre singulière, façonnée avec cœur et maîtrise. À écouter les yeux fermés, et le volume bien monté.