Rien n’est plus bouleversant que ce moment de bascule où l’on sent qu’un chapitre se referme, mais que la main tremble encore à l’idée de tourner la page. Avec “Code Blue”, Leonie Persch capte cet instant fragile où la beauté s’éteint lentement, sans fracas, comme un dernier souffle qu’on tente de retenir.
Après avoir fait ses preuves comme parolière à Berlin, l’artiste allemande a tout quitté pour Los Angeles. Pas une fuite, mais une mue. Une manière de se réapproprier son art, de lui redonner une voix — la sienne. Ce choix radical infuse chaque note de “Code Blue”, chanson de rupture au sens large, qui parle autant d’amour que de soi.
Les arrangements sont dépouillés, laissent l’espace nécessaire à une voix qui vacille et se redresse dans le même souffle. Il y a cette tension douce, ce mélange d’attachement et de lucidité, cette lutte intérieure entre l’élan vital et le deuil à faire. Persch ne chante pas pour apaiser. Elle chante pour comprendre, pour accompagner celles et ceux qui, comme elle, brûlent les cartes d’hier pour tracer de nouveaux itinéraires.
“Code Blue” ne se contente pas de panser les plaies. Il en révèle la profondeur, pour mieux inviter à renaître.