Dans un monde qui avance sans lever les yeux, Lucy Dreams appuie sur « Pause »… en pressant sur « Play ». Avec Tempo, le groupe viennois donne naissance à une ode électro-pop déroutante, viscérale, presque incantatoire. Dès les premières secondes, on sent poindre une urgence : celle d’un battement intérieur qui tente de suivre un monde devenu métronome.
Lucy – entité artificielle et muse numérique du trio – n’est pas une simple curiosité technologique. Elle agit ici comme un prisme, révélant le conflit entre notre humanité fragmentée et une réalité saturée de données. La chanson, elle, s’inscrit dans ce paradoxe : elle pulse, mais réfléchit. Elle court, mais médite.
« Zeit, veloce assai » répète une voix presque fantomatique, entre italien, allemand et incantation futuriste. Et puis il y a cette phrase, comme un vertige : “I feel infinity creeping up on me”. On dirait que la musique s’adresse directement à ce moment flou où l’on ne sait plus si l’on vit ou si l’on est en train d’être vécu par les algorithmes.
Avec Tempo, Lucy Dreams ne livre pas un simple single. Ils proposent une expérience. Une capsule sonore en suspension, comme si la pop s’était regardée dans le miroir déformant du futur. Et si la mélancolie de demain avait déjà un rythme ? Il ressemblerait sans doute à celui-là.