Avec « Geisha », MERTDER signe un retour qui ne ressemble à personne d’autre. Installé dans l’underground londonien mais porté par ses racines turques, il façonne un titre où la tension intérieure, la noirceur électronique et un sens aigu du symbolisme s’entrelacent. On retrouve cette patte qui brouille les frontières : la moiteur de Massive Attack, la vigueur brute de The Prodigy, l’élan contestataire de Rage Against the Machine, et cette espièglerie provocatrice qui évoque Die Antwoord.
Mais derrière le vernis sonore, MERTDER poursuit surtout une quête : celle de l’artiste qui sert. « Geisha » établit cette idée centrale. La création n’est plus simple expression, elle devient un devoir, une manière de porter la vérité, même lorsqu’elle est lourde. Le morceau ouvre son prochain EP comme une porte d’entrée intransigeante : ici, on danse pour évacuer, on crée pour survivre.
La métaphore de la geisha, loin des clichés, devient un miroir : celui de l’être qui offre beauté, intensité et présence malgré la fatigue, parfois presque mécanique. L’artiste évoque d’ailleurs ces instants où l’humain se transforme en automate, poussé par le tumulte politique, le poids social ou la simple lassitude du quotidien. Et pourtant, quelque chose rallume les moteurs : la possibilité de se perdre dans la création, puis de la partager.
L’écriture de MERTDER reste directe, mais ses couches émotionnelles se chevauchent. « Geisha » devient un contrat silencieux avec l’auditeur, un espace où l’on peut respirer tout en affrontant ce qui gronde.
En trois minutes d’électro sombre et vibrante, MERTDER rappelle que l’art, parfois, n’est rien d’autre qu’un acte de générosité lucide — un geste qui éclaire, même dans la pénombre.

