Il y a dans certaines voix un soupçon de vérité brute, un frémissement à peine perceptible qui trahit plus que des mots. Avec making the most of it, Michelle Núñez fait bien plus qu’un simple passage de l’écran au studio : elle livre une première chanson comme on se dévoile dans un murmure, entre ruine et rédemption.
On la connaissait pour ses rôles dans des séries signées Tyler Perry ; on la découvre ici dans un dépouillement rare. Dès les premières secondes, la production aérienne de Yoosuf Blake nous emporte dans un univers suspendu : une ambiance quasi cinématographique, faite de nappes vaporeuses et de silences habités. Et puis cette voix. Nonchalante et blessée à la fois, elle glisse sans forcer, comme si chaque mot pesait son lot de souvenirs.
Núñez ne cherche pas à panser ses plaies, elle les expose. Elle chante l’absence, la perte, la mémoire d’un « puzzle incomplet », sans tomber dans le pathos. Au contraire, elle avance dans les décombres de son passé avec une étonnante lucidité : “I’ve been drifting through a slow motion dream”, murmure-t-elle, comme une conscience qui flotte hors du temps.
Ce morceau n’a rien d’un simple début de carrière. C’est un geste artistique fort, une manière de dire que la vulnérabilité peut aussi être une posture fière. Michelle Núñez s’inscrit ainsi dans la lignée de ces voix féminines qui savent conjuguer sensibilité et puissance sans hausser le ton. Un premier titre intime, sobre, mais qui marque.
Et si « faire avec » — making the most of it — c’était déjà une forme de victoire ?