Il y a des albums qui s’écoutent, et d’autres qui s’interrogent. Stranded Assets, le nouveau projet du duo britannique My Glass World, appartient à la seconde catégorie. Jamie Telford et Sean Read signent ici une œuvre intense, érudite et viscérale, qui traverse les genres – rock, jazz, pop et même musique classique – sans jamais perdre le fil de sa propre cohérence. Un disque qui ne cherche pas à séduire d’emblée, mais à s’installer durablement.
Dès « Words », sublime ouverture, la démarche se révèle : plutôt que de frapper fort, le groupe choisit l’élégance, la finesse. Voix fragile, guitare aérienne, saxophone égaré – on marche sur la pointe des pieds. Puis vient « You Can Feel It Coming », plus frontal, à la britpop soignée, entre urgence mélodique et mélancolie élégante. C’est un morceau fort, l’un des plus immédiats de l’album.
Mais Stranded Assets ne se livre jamais tout à fait. Il exige du temps, de l’attention. « What Are We Left With Now », « Where Are You? » ou encore « It’s Time » déploient des paysages intérieurs, des réflexions sur le langage, l’amour, l’usure du monde. Le tout avec une instrumentation riche, souvent jazzée, parfois électronique.
Avec ce septième opus, My Glass World s’affirme comme un projet musical rare : exigeant mais accueillant, intellectuel mais profondément humain. Stranded Assets est une chronique en musique de notre époque troublée. Et une réussite.