Naomi Neva n’a jamais craint d’exposer ses émotions, mais avec This Is Over, elle atteint une intensité nouvelle. Écrite en plein vol entre Berlin et Oakland, la chanson capture ce moment suspendu où l’on comprend qu’il faut tourner la page — même si le cœur, lui, s’y refuse encore. Entre deux passagers qui s’échangent des snacks, Naomi pleure, griffonne, et transforme la banalité d’un siège d’avion en confession à ciel ouvert. Ce décor improbable devient la scène d’un exorcisme discret, où la mélancolie côtoie l’absurde.
Son écriture, à la fois lucide et vulnérable, s’ancre dans une tension brute : celle du désenchantement mêlé à la tendresse. “Il s’agit de réaliser que vous n’obtiendrez pas ce que vous voulez de quelqu’un.” confie-t-elle. Ce n’est pas une plainte, mais une délivrance. Et quand elle admet, non sans ironie, être restée amie avec les personnes qui ont inspiré la chanson — “et c’est encore une erreur” —, elle dévoile toute l’ambivalence d’un chagrin qui refuse de s’éteindre.
Musicalement, This Is Over rugit. Les guitares s’y font rêches, la voix s’écorche, le refrain éclate comme un cri retenu trop longtemps. Naomi y canalise une rage élégante, proche de celle d’Olivia Rodrigo ou de PJ Harvey : sincérité rageuse, distorsion assumée, vulnérabilité revendiquée. Avec l’aide de la productrice Kimberley Shires, elle insuffle une énergie punk, presque sauvage, mais toujours traversée d’une humanité palpable.
C’est un morceau pour celles et ceux qui ont déjà tout donné avant de comprendre qu’il fallait partir, sans baisser le volume. This Is Over n’est pas seulement une chanson de rupture ; c’est un instant de vérité, un lâcher-prise électrique. Naomi Neva ne raconte pas la fin : elle la vit, la transforme, et la chante comme un acte de renaissance.

