Avec Shipwrecked, Neil Potter signe une plongée intime et saisissante dans les méandres de la maladie mentale. L’artiste britannique, qui a longtemps combattu le TOC et la dépression, transforme cette lutte personnelle en une expérience musicale captivante, où chaque note raconte un morceau de sa vie.
La chanson commence presque sur la pointe des pieds : des riffs de guitare enjoués, un rythme posé, une impression de légèreté trompeuse. Mais à peine deux minutes plus tard, le morceau bascule. La tonalité devient mineure, le tempo s’emballe, les guitares rugissent et des voix lointaines viennent se mêler au vacarme. C’est le son d’un naufrage émotionnel, une métaphore sonore du chaos intérieur que Potter décrit si lucidement : le narrateur tente désespérément de « revenir à terre », tandis que son partenaire, conscient de ses défauts, reste irrémédiablement « naufragé », entraînant tout autour de lui dans le tumulte.
Le clip autoproduit illustre cette dualité avec une précision visuelle remarquable. Plutôt que de raconter l’histoire littéralement, Potter choisit le symbolisme : des corps recroquevillés, des visages cachés dans les mains, puis des paysages vastes et cinématographiques — vagues caressant le rivage, yeux qui s’ouvrent — comme pour signifier qu’un apaisement est possible, même après la tempête.
Shipwrecked n’est pas seulement une chanson, c’est une déclaration d’intention : Potter transforme ses combats en art, offrant aux auditeurs une traversée à la fois brute et lumineuse. Chaque écoute est un voyage, où l’on comprend que, parfois, revenir à la surface est possible, même quand tout semble englouti.

