Quarante ans après son enregistrement, Gardens refait surface comme un vestige vibrant de la scène new wave américaine. L’album, imaginé en 1983 par le groupe de Rochester New Math, avait tout pour s’imposer… avant de sombrer dans l’oubli, victime de la faillite inattendue de leur label. Ce disque, devenu presque mythique, n’avait jusqu’ici vécu qu’à travers quelques diffusions confidentielles sur les radios étudiantes.
Avec cette réédition de 2025, Gardens retrouve la lumière. On y découvre un groupe à la croisée des mondes, entre le souffle néo-psychédélique et l’urgence post-punk. Gary Trainer, plume et bassiste du groupe, y tisse des atmosphères denses, habitées d’un onirisme trouble. Les guitares saturées de Chris Yockel s’entremêlent aux claviers brumeux de Mark Schwarz, tandis que la voix de Kevin Patrick flotte comme une prière perdue dans la nuit new-yorkaise.
Chaque morceau semble capturer une émotion suspendue. Living on Borrowed Time respire une mélancolie urgente, Ominous Presence s’enfonce dans une tension presque rituelle, et The Flesh Element, réenregistré pour l’occasion, révèle tout le magnétisme sombre du groupe. Il y a là des échos de The Psychedelic Furs, de Joy Division ou encore de The Cure, mais la signature New Math reste singulière : une alchimie entre fièvre, lucidité et étrangeté.
Cette redécouverte résonne comme une lettre oubliée, adressée à une génération qui n’a jamais cessé de chercher la beauté dans les marges. Gardens n’est pas seulement une archive : c’est un souffle retrouvé, un adieu vibrant au rêve inachevé des années 80.

