Certains albums s’écoutent comme on traverse une ville inconnue, entre ruelles sombres et places baignées de lumière. Gothtones, quatrième chapitre des Gothtones, appartient à cette catégorie. Mené par Jerret Cortese, voix rauque et plume insaisissable, le groupe installé à Chicago s’est toujours amusé à brouiller les frontières. Post-punk, darkwave, junkyard blues ou éclats folk, tout s’y entremêle avec une cohérence presque mystique, comme une fresque nocturne ponctuée de rayons solaires.
Dès « Piranha », l’entrée en matière est sans détour : guitares accrocheuses, énergie brute, un parfum 70’s qui évoque parfois The Doors. Le solo incandescent souligne l’ampleur du morceau, presque viscéral. Le voyage se poursuit avec « The Two Of Us », véritable point d’ancrage de l’album. La voix charismatique de Cortese s’élève au milieu de violons fiévreux, offrant une dimension orchestrale rare et une puissance qui place la chanson parmi les plus marquantes du projet.
Plus loin, « Tragedy Menagerie » ralentit le rythme et installe une atmosphère lancinante. Le duo vocal, aérien et réverbéré, donne au morceau un éclat spectral. Avec « Skin And Bones », la palette se fait plus lumineuse : une ballade folk-pop qui sent l’été, où la rugosité de la voix masculine s’accorde parfaitement à la douceur féminine.
Au cœur de l’album, « Requiem In Blue » s’impose par sa délicatesse. La guitare trace une toile vaporeuse et les harmonies rappellent la magie fragile d’Angus & Julia Stone. « Deadbolt And Chain », tout aussi épuré, propose une ballade folk hypnotique, comme un instant suspendu sous un arbre.
Vient ensuite « The Countdown », aérienne et obsédante, avec sa guitare arpégée qui fait flotter le morceau au-dessus du temps. Enfin, « Gimme Sunshine » clôt l’album avec une énergie lumineuse et rythmée, comme un dernier sourire offert au milieu des ombres.
Avec ces dix titres, Gothtones réussit à conjuguer intensité et fragilité, fièvre et apaisement. Plus qu’un simple album, c’est une traversée sensorielle qui confirme la singularité des Gothtones : un langage musical personnel, où chaque note devient une invitation à se perdre… et à se retrouver.