Avec Pertinax, Lindsey et David Mackie, duo britannique formant Suris, offrent un album qui semble tout en douceur à l’oreille, mais qui cache une profondeur souvent subversive. Le titre, signifiant « persister stoïquement », résume à lui seul l’état d’esprit du couple : la musique n’est pas une simple création, elle est un mode de vie, une discipline intime, presque matrimoniale.
L’album débute avec Mended, où Lindsey explore les fragilités humaines à travers la philosophie du kintsugi, cette pratique japonaise qui sublime les fissures plutôt que de les cacher. La voix, riche et texturée, soutenue par des arrangements délicats, installe immédiatement une atmosphère à la fois fragile et résolue. Suivent des titres comme Last Train Home et Now, méditations sur le temps et les moments précieux, alternant horizon lointain et contemplation intérieure.
La colère et l’indignation trouvent aussi leur place : Eruption est un cri face aux abus de pouvoir, tandis que Whole devient un hymne féministe, amplifié par la participation d’amies du duo pour le final des « Persisters ». Sur le plan musical, Suris joue avec les codes, brisant parfois les structures classiques pour mieux servir l’émotion. Le saxophone de Felix Flower sur Huma ou Now ajoute une dimension aérienne et libératrice, contrastant avec les thèmes plus sombres.
Pertinax est un album qui ne se contente pas d’être écouté : il se ressent. Entre introspection, révolte et émerveillement, Suris réussit à créer une œuvre intime et universelle, un espace où persister devient un acte de beauté et de courage.

