Le printemps de Puman ne pousse pas sous les néons d’un studio, mais germe dans les terres rouges de Ximeng, là où la Chine se fait village. Avec « Spring », le projet sino-français dévoile un titre qui n’est pas simplement une chanson, mais une immersion vivante, vibrante, dans le quotidien des communautés wa du Yunnan.
Adaptée de la mélodie traditionnelle « Sowing Tune » du village d’Awa Lai, « Spring » a tout d’un chant ancien réenchanté. Ici, la modernité n’efface pas la mémoire : elle la prolonge. En enregistrant sur place, en plein champ, entre semis, repas partagés et danses improvisées, Puman a capté une vérité organique. Le vent dans les feuillages, les voix qui s’élèvent sans micro, la fatigue joyeuse du travail manuel — tout cela s’entend, se ressent.
Mais plus qu’un simple hommage ethnographique, le morceau célèbre une forme de romantisme rural. Celui des gestes simples, des corps qui s’accordent au rythme de la terre, des silences habités. La voix, en filigrane, n’impose rien. Elle accompagne, elle veille.
« Spring » se vit comme un voyage intime, de ceux où l’on ferme les yeux pour mieux entendre. Une œuvre rare, à la croisée des routes : entre Paris et Pu’er, entre patrimoine vivant et musique atmosphérique, entre l’ailleurs et l’ici. Le printemps de Puman n’a pas de frontières, il a des racines.