Dès les premières mesures de GC Mirage (The Loss of Memories) – Sketch 3, le piano s’élève comme un souffle hésitant, conscient qu’il n’est plus tout à fait en territoire familier. Ce morceau, extrait de l’album Seven Sketches of Loss (Compositions for Piano and Holograms), finaliste du concours A Music for Piano City 2025, signe un tournant dans l’art de Giulio Risi.
À l’intersection du classique et du gospel, Risi orchestre un dialogue entre la nostalgie et l’espérance, incarné par l’image d’un frère, GC, parti mais toujours présent. Le compositeur confie : « Mon frère GC croyait à la vie après la mort… à sa disparition, comme pour marcher à ses côtés, j’ai tenté d’embrasser sa vision, en imaginant le chant des anges montant tandis qu’il frappe à la porte du ciel. »
Le morceau développe une émotion en deux actes : d’abord, la conscience brute de la perte — un motif simple, repris, et déjà fissuré — puis l’intime fabrication d’un souvenir, d’une prière musicale adressée à un absent. Risi ne cherche pas à combler le vide, mais à en cartographier la topographie — les tremblements du piano, les accords prolongés qui résistent au silence.
Ce qui frappe, c’est ce double vide évoqué par l’artiste : la perte du frère, et la lente disparition des souvenirs que lui seul détenait. GC Mirage dessine ainsi le lent effacement des images intimes, comme si chaque note tentait de suspendre la disparition.
En deux minutes, cela devient une petite cathédrale de la mémoire — modeste, grave, solaire dans sa retenue. Risi ne cherche pas le grand geste spectaculaire : il propose une écoute attentive, un face-à-face délicat avec ce qui reste après l’absence. Une œuvre aussi intimiste qu’universelle.

