Difficile de classer « YUKS », le nouvel album de R.M. Hendrix, tant il traverse les genres avec une fluidité déconcertante. Entre electronica onirique, trip-hop texturé et noise expérimental, cet opus dessine un paysage sonore dense, où mélodies et dissonances coexistent en équilibre fragile. Un projet à la fois politique et introspectif, à l’image de son auteur.
« YUKS » s’inscrit dans la continuité de « War is On Its Way » (2020), album qui ouvrait sur une déclaration brute : « la violence a sa propre lumière ». Désormais installé en Islande, Hendrix observe les tumultes américains à distance et en capte l’essence avec encore plus de lucidité. Cette clarté nouvelle transparaît dans des compositions oscillant entre fureur et accalmie.
L’ouverture, « The Yellow Dwarf Sleeps but the Judge Never Does », plonge l’auditeur dans un abîme synthétique, où les nappes de claviers épousent une atmosphère pesante. La tension s’élève avant de se dissiper sur « Heat Surrounds the Hive », morceau plus aérien, où la voix d’Hendrix flotte parmi des arrangements éthérés. « Sniper, Cert. » marque un tournant avec son audace sonore : un cocktail de Bowie, Tricky et Massive Attack, transcendé par une production d’electronica immersive.
Avec « YUKS », R.M. Hendrix repousse les frontières musicales et livre un manifeste sonore aussi poétique que subversif. Un album qui dérange, fascine et s’inscrit comme une expérience à part entière.