Avec « What’s Next ? », Reduction in Force — le projet porté par Mike Mills — livre un premier single qui sonne comme un cri de réinvention. On pénètre d’emblée dans un univers où guitares saturées, synthés vibrants et batterie haletante construisent une trame tendue, nerveuse, quasi cinématographique. Le chant grave et éraillé de Mills ajoute une intensité intime : on ressent l’homme confronté à ses doutes, prêt à tout reconstruire sur les ruines d’une vie antérieure.
La vidéo animée en stop‑motion plonge le spectateur dans le studio de Mills — un espace saturé de souvenirs : vinyles, cassettes, posters, photos d’enfance… Chaque objet renferme une histoire, comme autant de fragments de vie qui affleurent, fantômes d’un passé mêlé de rêves, d’échecs et de persistances. Au cœur de ces reliques, un rat en peluche, surnommé Norman, joue les guides — métaphore d’un retour aux origines, d’une mémoire qui refuse d’abandonner le voyage.
Musicalement, Reduction in Force se revendique d’une filiation claire : celle de la new wave, du post‑punk et de l’alternative rock des années 80‑90 — les fantômes de Depeche Mode, The Smiths, New Order, et autres géants de l’époque planent au-dessus du morceau — non pas comme un hommage figé, mais comme une sève réactivée.
Mais « What’s Next ? » n’est pas qu’un acte de nostalgie. C’est une sortie de terre. Un refus de se laisser enfermer dans un rôle défini — Mills lui‑même l’a dit : après une carrière dans le droit, il a troqué le costume pour la guitare, décidant de reconstruire son identité autour de ce qu’il aime depuis toujours.
En ce sens, le single agit comme un manifeste : entre urgence et mélancolie, entre héritage et renaissance. Il interpelle — qu’est-ce qu’on fait quand la vie qu’on croyait vouloir ne nous appartient plus ? Pour Reduction in Force, la réponse est limpide : on recommence. On construit. On ose.

