Rock & Roll American débute comme un souffle chaud venu du désert, porté par des guitares nerveuses et une voix pleine de morgue élégante. Allan Jamisen, auteur-compositeur et peintre installé à Phoenix, signe ici un hommage vibrant aux figures de la contre-culture américaine, de James Dean à Iggy Pop, en passant par Kerouac et Jim Morrison. Mais ce n’est pas de nostalgie dont il est question — plutôt d’un regard lucide sur un pays en perte de repères.
Avec ses arrangements à la fois bruts et raffinés, la chanson se construit comme une montée. Les harmonies s’étoffent, les claviers s’installent, et les mots claquent : “I’m a rock & roll American”. Pas une posture, une affirmation. Celle d’un homme qui continue de croire à certains idéaux, tout en constatant combien ils semblent inversés dans l’Amérique d’aujourd’hui.
Jamisen ne crie pas, ne dénonce pas frontalement. Il observe. Il transforme le trouble en matière sonore, et son désenchantement devient poésie. Rock & Roll American se termine dans une brume instrumentale presque méditative, comme un long soupir face au tumulte.
Ce morceau, à la fois ancré et aérien, réaffirme que le rock’n’roll n’est pas qu’un genre : c’est une manière d’être au monde. Et Jamisen, dans cette déclaration douce-amère, s’inscrit dans la lignée de ceux qui résistent, en musique.