Satellite Train revient avec The Melbourne Sessions Multiverse Experience, un projet audacieux qui transforme chaque plateforme de streaming en une porte vers un univers parallèle. Entre pop-rock énergique et expérimentations sonores, le groupe australien nous invite à vivre la musique comme une expérience sensorielle et cinématographique. Dans cette interview, les membres de Satellite Train nous racontent l’origine de ce concept unique, la manière dont différents studios – de Melbourne à Hollywood – ont façonné le son de l’album, et comment leur approche spontanée et organique de l’enregistrement préserve une énergie presque live. Ils partagent également leur vision artistique, la place de la mythique figure de James Dean dans leur création, et ce que l’avenir réserve pour leurs prochaines explorations multiverses et tribales. Entre audace technologique et liberté créative, Satellite Train redéfinit les frontières de l’indépendance musicale.
1 – L’expérience multivers des Melbourne Sessions est un concept vraiment unique. D’où est venue l’idée de créer plusieurs versions du même album, comme si chaque plateforme ouvrait une porte vers un univers parallèle ?
Nos albums comportent généralement une dimension expérimentale. L’idée nous est venue des concepts de multivers présents dans la culture populaire. Des films comme Spider-Man : No Way Home nous ont fait réfléchir à la manière dont cela pourrait se traduire en musique. Au début, cela nous paraissait impossible. Nous n’avions d’ailleurs pas réalisé que c’était possible avant d’avoir terminé l’album et de le sortir. C’était un véritable pari, et à notre grande surprise, ça a fonctionné.
2 – Lorsque vous imaginiez ces différentes expériences d’écoute sur Apple Music, Spotify et autres plateformes, quels types d’émotions ou de sensations souhaitiez-vous susciter chez les auditeurs ?
Honnêtement, pour la première sortie de Multiverse Experience, il s’agissait surtout de prouver que le concept
pouvait même fonctionner techniquement. Le défi était immense. Nous avons fait appel à deux équipes d’ingénieurs du son.
La première équipe australienne, aussi talentueuse fût-elle, travaillait à partir de modèles fixes
et n’a pas réussi à concrétiser le projet. Nous avons finalement collaboré avec Robert Adam Stevenson, musicien et ingénieur du son de Los Angeles, qui avait l’ouverture d’esprit nécessaire pour prendre les risques requis. Maintenant que nous
savons comment y parvenir, nous pouvons nous concentrer davantage sur l’aspect créatif des
différents groupes parallèles de Multiverse Satellite Train pour nos prochaines tentatives.
3 – « James Dean » est une chanson puissante, d’autant plus qu’elle a été créée avec la bénédiction de sa famille. Que représente cette figure pour vous, au-delà du mythe ?
James Dean a marqué les esprits des cinéphiles car il incarnait à la fois la force et la vulnérabilité. Comme chacun d’entre nous, il avait des qualités admirables et d’autres moins. La question ne le concerne pas seulement, mais aussi la poursuite de ses rêves et la question de savoir si le prix à payer en vaut la peine. Est-ce important qu’il soit mort si jeune si le monde se souvient de lui à jamais ? Êtes-vous prêt à payer le prix pour être aimé et adoré, ou pour tout ce que vous recherchez dans la vie ?
4 – Vous avez enregistré entre Melbourne, Sydney et les collines d’Hollywood. Ces environnements très différents ont-ils influencé l’énergie ou la direction sonore du projet ?
Absolument. Le studio des collines d’Hollywood avait un côté surréaliste, comme si l’on pénétrait sur un plateau de cinéma. Il y régnait une atmosphère envoûtante et onirique, en parfaite harmonie avec les univers parallèles que nous étions en train de créer. Lors des sessions d’enregistrement générales à Melbourne et Sydney, nous étions entourés d’amis : des ingénieurs du son et des musiciens que nous connaissons depuis des années. Ces sessions ressemblaient donc à des retrouvailles et à des moments d’improvisation créative. Le mélange interculturel des environnements d’enregistrement et les influences musicales de chaque région ont indéniablement façonné le son final.
5 – Le groupe réunit des musiciens aux parcours incroyables, comme Icehouse, AC/DC et Paul Kelly. Comment trouvez-vous l’équilibre entre toutes ces influences musicales ?
Satellite Train est un exutoire créatif et un terrain de jeu pour tous ses membres. On entend vraiment l’apport de chacun issu de ses autres projets. Qu’un musicien vienne de terminer une tournée avec Icehouse, AC/DC ou My Chemical Romance, par exemple, ces expériences se glissent dans les sessions. Cela donne lieu à des discussions animées et à une énergie toujours renouvelée. Cette diversité nous évite de sonner deux fois de la même manière, surtout entre deux albums.
6 – Vous conservez souvent les premières ou deuxièmes prises lors des enregistrements, en appréciant les imperfections. Qu’apporte cette spontanéité à la musique de Satellite Train ?
Comme tous les membres du groupe sont très expérimentés, si nous enregistrons trop, la musique perdrait de son authenticité et sonnerait mécanique. Les premières prises capturent une dimension humaine. Nous étions en studio récemment avec John McAll, et après quelques prises, il voulait encore peaufiner. Je lui ai dit : « Non, c’est bon », et nous avons continué, même s’il voulait une autre prise. Cette authenticité donne à la musique un son presque live.
7 – Vos chansons « Wings » et « Superstar » ont très bien marché dans les classements indépendants. Avez-vous l’impression que le public se sent de plus en plus proche de votre univers ?
Nous faisons très peu de promotion, donc voir nos chansons se classer dans les classements indépendants est une agréable surprise. Sans un budget promotionnel conséquent, on ne peut pas aller très loin. Même les succès les plus spontanés sont souvent soutenus par un important travail de promotion. Pour nous, figurer dans les classements est donc un petit signe, mais significatif, que les auditeurs nous apprécient. Nous sommes encore en pleine croissance, mais chaque sortie nous donne un peu plus d’élan.
8 – L’expérience Multiverse donne l’impression d’un voyage sensoriel, presque cinématographique. Considérez-vous Satellite Train davantage comme un groupe de rock ou comme un projet d’exploration artistique ?
C’est un peu des deux. D’un côté, nous sommes simplement un groupe pop-rock qui improvise. De l’autre, nous menons une expérience artistique en constante évolution. On a récemment qualifié notre travail de cinématographique, et nous le prenons comme un compliment. Nous voulons montrer que les artistes indépendants peuvent innover et réaliser des choses que même les productions à gros budget n’osent pas tenter. La musique a tendance à rester enfermée dans des cases stylistiques pendant des décennies, tandis que d’autres formes d’art évoluent plus rapidement. Nous aimerions inspirer davantage de musiciens indépendants à repousser les limites.
9 – Michael Paynter a récemment été reconnu pour son rôle dans Jesus Christ Superstar. Cette expérience théâtrale a-t-elle influencé sa performance vocale ou même la dynamique générale du groupe ?
Michael Paynter est un personnage quelque peu énigmatique, l’un des chanteurs et musiciens les plus doués d’Australie. Son engagement et son éthique de travail sont sans égal. Le rôle dans Jesus Christ Superstar a révélé une autre facette de son talent, et nous pensons qu’il commence tout juste à exploiter pleinement son potentiel. À terme, il a de fortes chances d’être considéré comme l’une des figures emblématiques de la musique australienne.
10 – Maintenant que The Melbourne Sessions Multiverse Experience est sorti, quelle dimension comptez-vous nous faire découvrir ensuite ?
Notre prochain album emmène les auditeurs dans ce que nous appelons « The Tribal Experience ». C’était une autre
expérience. Nous avons rempli le studio d’une multitude de percussions tribales. Certaines étaient si basses en
fréquence que nous pouvions à peine les entendre en direct, et pourtant, elles sonnaient incroyablement bien dans le mix final. Après cela, nous reviendrons à un autre album de Multiverse Experience, mais cette fois-ci avec une compréhension plus approfondie de la façon de façonner l’atmosphère émotionnelle entre les univers musicaux. Le premier album a prouvé que c’était possible, les prochains exploreront jusqu’où nous pouvons aller.
