Dans la pénombre d’un monde en clair-obscur, soft siren fait son retour avec « Too Far Gone », une ballade trip-hop aussi vénéneuse que vaporeuse. Dès les premières mesures, la chanson prend l’allure d’un mirage : les basses rampent lentement, une guitare baryton murmure des regrets enfouis, pendant que la voix, brumeuse et sensuelle, s’élève comme une incantation nostalgique.
Le groupe s’inscrit dans une veine résolument cinématographique, convoquant l’énergie éthérée de femmes fatales perdues entre deux époques. On pense à Portishead pour l’ambiance trouble, à Zero 7 pour les textures organiques, et à Massive Attack pour ce sens du danger qui rôde, feutré mais tenace. Mais soft siren ne se contente pas d’honorer ses influences : le groupe réinvente à sa façon un trip-hop psyché, saturé de réverbérations analogiques, qui flirte avec le rêve éveillé.
« Too Far Gone » est plus qu’une chanson : c’est un décor sonore. Et ce n’est pas un hasard si elle accompagne un film encore inédit, avec Lindsey Normington (« Anora ») au casting. La musique de soft siren semble née pour l’image — pour les regards furtifs, les silences pesants et les lumières tamisées.
Chronique d’une dérive douce, « Too Far Gone » laisse une empreinte vaporeuse. Une errance sensuelle entre nostalgie et vertige.