Il y a des chansons qui n’expliquent rien mais révèlent tout. Avec « Anaesthesia », Softmax livre une pop éthérée et douloureusement lucide, miroir d’un vécu intime : les derniers jours d’un proche en soins palliatifs. Originaire de Chicago, la productrice et chanteuse signe ici un morceau suspendu, tendu entre la peur de la disparition et la tentation du déni.
Sur une production fine, où se mêlent textures électroniques brumeuses et mélodies fragiles, la voix de Softmax flotte, comme engourdie par l’angoisse. Co-produite avec Gabriel Gifford — complice berlinois qu’on retrouve auprès de LYAM ou Harvey Causon — « Anaesthesia » évoque une anesthésie émotionnelle, cette paralysie face à l’inéluctable.
Loin de verser dans le pathos, la chanson prend racine dans un héritage musical profondément ancré : le blues et la soul de Chicago, mais aussi l’audace d’artistes tels que This Mortal Coil, Arthur Russell ou encore Roxy Music. Ce mélange de raffinement pop et d’expérimentation fait toute la force de Softmax, qui poursuit avec « Ghost In The Shell », son pendant plus contemplatif, une exploration du deuil à deux visages.
Avec ce diptyque, Softmax ne cherche pas tant à consoler qu’à nommer le vertige. Et c’est peut-être là que réside sa plus grande tendresse.