Avec AC II : Desert Sky, le duo norvégien Ask Carol signe un album à la fois introspectif et libre, où chaque morceau semble respirer l’air chaud du Sud-Ouest américain. Enregistré dans leur studio perché dans les montagnes norvégiennes, ce disque à la teinte folk-rock traduit la dualité entre le froid de leur terre natale et la chaleur des déserts traversés lors de leurs tournées. Après des mois sur les routes — neuf aux États-Unis, puis en Europe et au Royaume-Uni — le groupe condense ici ses émotions, ses paysages et ses souvenirs en dix titres lumineux et rêveurs.
L’ouverture, « Desert », installe d’emblée ce sentiment d’espace infini, où les guitares se mêlent à une douce mélancolie. Ce morceau, inspiré de leur road-trip post-pandémique, est le point de départ d’un voyage intérieur, fait de rêveries et d’horizons sans fin. Plus loin, « Cold July » et « Seasons » marquent une parenthèse acoustique, presque contemplative, où la voix se fait murmure face à l’immensité. Le duo y aborde la fragilité du monde, les incertitudes d’une génération, tout en rendant hommage à la nature et à la liberté.
On retrouve aussi une reprise de Neil Young, « Ohio », qui s’intègre naturellement à cette quête d’authenticité et de mémoire. La production, plus organique que sur leur premier album, mêle guitares électriques, boucles, harmonies vocales et cuivres, donnant à l’ensemble une chaleur humaine rare. Chaque titre semble porter un fragment de route, une trace de poussière, un souffle du désert qui devient ici matière sonore.
Dans un monde musical dominé par les algorithmes et les flux continus du streaming, Ask Carol choisit de ralentir le tempo. AC II : Desert Sky sort en vinyle et en CD, affirmant le retour du tangible face au numérique. Et puis, il y a cette fameuse surprise « CowChella », clin d’œil à une jam improvisée devant des vaches curieuses — un moment surréaliste devenu culte. En somme, Desert Sky n’est pas qu’un album : c’est un carnet de route, une ode à la sincérité musicale et à la liberté retrouvée.

