Deux ans après Waiting for Some Warmth, Steel & Velvet revient avec un projet singulier : People Just Float, un EP six titres accompagné d’un court-métrage signé Loïc Moyou. Ici, chaque note devient narration, chaque silence, respiration. L’EP suit Joshua, reclus dans sa cabane, dont l’existence bascule lorsqu’il croise une femme apeurée dans la forêt. Cette rencontre suspendue entre isolation et intimité se raconte autant dans l’image que dans le son.
Dès Orphan’s Lament, adaptation de Robbie Basho, le ton est donné : guitare acoustique nue, voix baryton grave presque chamanique, un souffle solitaire qui installe l’atmosphère d’un monde suspendu entre ciel et terre. Ring of Fire, loin de l’hommage classique à Johnny Cash, se transforme en chant funèbre folk : guitare lente, voix grave, exit les cuivres mariachi, le morceau s’inscrit dans la narration cinématographique de l’EP, à la fois spectral et poignant.
Silver joue sur la délicatesse, arpèges minimalistes et voix murmurée, tandis que In Heaven, le plus mystique, devient une prière suspendue entre lumière et vertige, où l’esthétique des American Recordings de Cash se filtre à travers une sensibilité européenne, presque sacrée. Petit bijou supplémentaire : Jade, fille de Johann Le Roux, prête sa voix sur deux titres, apportant innocence et contraste dans cette atmosphère dépouillée.
People Just Float réussit à créer une parenthèse suspendue, un folk intimiste où le temps semble ralentir. Steel & Velvet signe une œuvre qui flotte au-dessus des conventions, fragile et intemporelle, entre émotion brute et poésie sonore, où chaque chanson devient un paysage, chaque silence, un voyage.

