Dès les premières mesures de « Ratbag Joy », The New Citizen Kane nous entraîne dans un tourbillon sonore où l’euphorie masque habilement les fêlures. Sur une production dansante, presque insouciante, il tisse une narration bien plus sombre qu’elle n’y paraît. La voix est claire, le beat rebondit, mais les mots – eux – s’enfoncent dans des abîmes plus troubles. On y croise des rêves effacés par la « white dust », des trajets sans but, des soirs qui passent pour fuir les matins.
C’est là que réside toute la tension du morceau : dans cette juxtaposition déroutante entre l’extase rythmique et le désespoir latent. « Ratbag Joy » ne cherche pas à choquer, il révèle plutôt la stratégie millimétrée d’un esprit qui tente de survivre à coups de simulacres festifs. La musique devient alors masque, armure, rituel.
Le clip, tourné dans les rues de Hackney, renforce cette sensation de chaos intime. Réalisé par Kane lui-même, il assemble danseurs de rue, ballerine inattendue, coupes saccadées et effets visuels décousus, traduisant visuellement l’agitation intérieure du protagoniste. Une œuvre brute, sincère, qui ne cherche pas l’esthétique lisse, mais l’impact organique.
Deuxième extrait de son projet Psychedelika, ce titre confirme la singularité de Kane : un artiste qui compose comme on écrit un journal de bord, entre beats lumineux et confessions voilées. « Ratbag Joy » fait danser nos silences.