Certains morceaux ne cherchent pas à faire du bruit, mais à imposer une présence. Avec “DND”, TiZ EAST revient comme un écho familier dans le tumulte londonien, épaulé par Lekkzy Young, jeune voix de Lagos qui incarne à lui seul la fièvre montante de la scène nigériane. Ensemble, ils tissent un dialogue entre deux capitales du rythme, deux imaginaires urbains reliés par un même battement : celui d’une ambition sans frontières.
Dès les premières secondes, le ton est donné. Flykeyzondbeat construit une production à la fois dense et aérienne, portée par des talking drums hypnotiques et des basses qui roulent comme des vagues souterraines. Lekkzy s’y glisse avec une aisance solaire, modulant sa voix entre mélodie et intensité. Puis vient TiZ EAST, le flow limpide, la diction affûtée, cette manière de poser les mots comme on affirme un territoire. On y sent la double appartenance : le bitume d’East London et la chaleur de Lagos dans le même souffle.
Le refrain — “Mi ò gbó kankan mó! Olohun!” — claque comme un mantra. Il traduit cette volonté de couper le vacarme du monde, de passer en “Do Not Disturb” pour mieux se recentrer. Car “DND” n’est pas qu’un titre de club. C’est une posture. Une manière de rappeler qu’il existe encore de la maîtrise dans le chaos, de la sérénité dans la fureur.
En un morceau, TiZ EAST signe un retour plein de sang-froid et d’assurance, tandis que Lekkzy confirme qu’il appartient à cette génération nigériane qui ne suit plus les tendances — elle les crée. “DND” réunit deux scènes qui n’ont plus besoin de traduction. Londres et Lagos parlent désormais la même langue : celle du feu intérieur et du calme apparent.