Avec « Two », The Feather — le projet solo de Thomas Médard — signe un retour émouvant et presque intime. Écrit et enregistré lors des sessions de l’album BB, ce titre repose sur une collaboration précieuse : derrière les fûts, Thomas Hedlund (membre de Phoenix) apporte sa patte rythmique, tandis que la production et le mix sont également entre ses mains. Le choix n’est pas anodin : Hedlund apporte une tension subtile, rythmique, qui soutient avec finesse la voix vulnérable de Médard.
La chanson s’ouvre sur une mélodie presque nostalgique, discrète mais résolue, comme si l’on pénétrait dans un souvenir partagé. Le refrain, évoqué par Médard, rappelle certaines lignes vocales de Phil Collins, et cette filiation musicale est tout sauf gratuite — elle confère à « Two » un poids émotionnel chargé d’héritage : « le refrain me ramène un peu aux lignes vocales de Phil Collins … la musique que mon père jouait à la maison quand j’étais enfant. »
Musicalement, la production de Hedlund ne cherche pas l’effet spectaculaire : ses percussions sont contenues, presque aériennes. Le mix laisse respirer la voix de Médard, comme si l’on se glissait dans son intimité — chaque mot, chaque nuance compte. Il y a cette impression que la chanson pourrait éclore dans un salon, entre deux confidences, ou bien dans une pièce vide, quand l’ombre du passé revient.
Mais « Two » n’est pas seulement un exercice de nostalgie : c’est aussi une déclaration. Médard parle du lien entre deux personnes dans les moments les plus sombres, de leur capacité à se soutenir quand tout menace de les briser. Il y a de la beauté dans cette fragilité, une honnêteté qui résonne bien au-delà d’un simple échange romantique.
En somme, ce single est une pièce maîtresse du projet BB, non pas parce qu’il clame trop fort, mais parce qu’il murmure avec justesse. C’est une ballade qui parle de cœur, mais aussi de racines : un pont entre le passé familial et le présent émotionnel, un hymne à l’amour qui vacille mais ne rompt pas. The Feather, par cette chanson, rappelle que les plus forts des liens sont souvent ceux qui tremblent le plus.

