Après avoir passé près de dix ans à Nashville à aligner les chansons mélancoliques comme d’autres empilent les verres vides, Wes Kirkpatrick s’est un jour retrouvé à court de souffle. Même sans chercher la tristesse, elle revenait, entêtante, dans chaque ligne, chaque accord. Épuisé, il décide alors de rentrer au bercail, dans les montagnes du Colorado. Là, il retrouve un espace de silence, propice à l’apaisement. Et c’est dans cet état d’abandon qu’est née That Kind of Love, une chanson inattendue, presque accidentelle, qui donne aussi son nom à un EP lumineux.
Sur une production aux allures de folk moderne, aérée et chaleureuse, Kirkpatrick chante cet amour qui vous tombe dessus sans prévenir. Sa voix, familière et sincère, s’élève avec une douceur qui ne cherche pas à impressionner mais à toucher. Une guitare légère, quelques percussions discrètes, des chœurs qui flottent à l’arrière-plan : tout respire la simplicité retrouvée. “That kind of love, I’d go broke to feel it”, murmure-t-il, comme une confession à peine soufflée.
Il ne s’agit pas ici d’un simple single, mais d’un tournant personnel. Kirkpatrick semble avoir laissé derrière lui le poids des chansons tristes pour renouer avec quelque chose de plus essentiel : le plaisir d’écrire, de ressentir, de raconter autrement. “Les chansons s’accumulent”, dit-il avec un enthousiasme contagieux.
That Kind of Love n’est pas une rupture avec le passé, c’est un relâchement. Une respiration profonde. Celle d’un artiste qui, après avoir longtemps porté ses failles, choisit d’ouvrir les bras à la lumière – sans l’ombre d’un regret.