Dans la sphère saturée des collaborations numériques, rares sont celles qui respirent encore l’humain, l’organique, l’instant vécu. « What They Say », dernière création d’Akassia en tandem avec le rappeur américain Eliy Orcko et le beatmaker Sodaquaye, semble justement vouloir ralentir le tempo du monde pour nous offrir un moment suspendu — entre introspection nocturne et groove feutré.
Dès les premières notes, le morceau invoque un sentiment de proximité, comme un freestyle enregistré à chaud sur bande analogique dans un studio tamisé. La production d’Akassia tisse une toile délicate de textures lofi, de nappes jazzy et d’accents trip hop. Rien ne crie, tout suggère. L’instrumental ne cherche pas à briller, mais à envelopper.
Puis surgit le flow d’Eliy Orcko, précis mais jamais mécanique. Sa voix glisse plus qu’elle ne frappe, chaloupe sur le beat avec une aisance qui évoque à la fois l’école du spoken word et une certaine tradition du rap underground des années 2000. Chaque mot semble s’accrocher aux pulsations du morceau comme une pensée qui peine à se détacher. Il y a de la retenue dans son débit, comme si la confidence pesait plus que la performance.
Et c’est là toute la force de « What They Say » : une alchimie feutrée entre le fond et la forme, entre une orchestration artisanale et une parole habitée. Le trio ne cherche pas l’effet, mais l’empreinte. Un morceau qui ne s’impose pas — il s’insinue. Il ne s’écoute pas, il s’éprouve.