Quand les frères Cillian et Lorcan Byrne, duo irlandais connu sous le nom de Basciville, convoquent Ailbhe Reddy pour leur nouveau single Your Own Head, le résultat dépasse largement la simple collaboration : c’est une confession délicate, un dialogue intérieur porté par un souffle folk et une gravité diffuse.
Dès les premières notes, on est happé par une guitare tourbillonnante, comme une brise persistante qui agite une mer calme. La production, à la fois ample et intimiste, sert de cœur battant à cette mélodie qui semble vouloir sonder les tréfonds de l’âme. Cillian et Lorcan Byrnes tissent ici un cahier d’émotions bien structuré ; selon eux, Your Own Head a été la première chanson écrite pour leur deuxième album (prévu pour 2026), et c’est à la fois le point de départ créatif et le fil rouge thématique de tout ce qui suivra.
Là où le duo brille, c’est dans son exploration des compromis que l’on fait – au nom de l’amour, de la religion, ou de la pression sociale. Le texte évoque cette lutte permanente entre un devoir moral (voire universel), le besoin d’être pleinement là, et la nécessité de préserver un “moi” intérieur. Il y a quelque chose de puissant dans cette idée : renoncer à une partie de soi pour exister dans le regard des autres, et en même temps se demander si ce sacrifice n’est pas la plus grande trahison.
Ailbhe Reddy apporte une dimension lumineuse à ce poème sonore. Sa voix, claire et vibrante, surgit comme un phare dans le brouillard : elle se mêle aux harmonies des Byrne, dialogue sans agressivité mais avec une gravité complice. Le duo vocal, loin d’être simple superposition, agit comme un échange sincère, presque spirituel.
Musicalement, on peut sentir des échos d’artistes comme R.E.M., Jeff Buckley, ou encore The Frames, mais il y a aussi un souffle contemporain – un peu de Big Thief, de Tamino, peut-être même de Gang of Youths – qui rend la chanson résolument moderne tout en ancrant son propos dans une tradition folk-rock respirante.
Cette pièce ne joue pas la carte de la surenchère émotionnelle : elle mise sur la retenue, sur l’ampleur subtile. Elle nous entraîne dans un voyage intérieur, dans ce moment où l’on se confronte à ses propres doutes, à cette petite voix qui nous demande : “Qui suis-je, quand je ne joue pas un rôle ?”
Your Own Head n’est pas juste un single : c’est une esquisse, une promesse pour le prochain album de Basciville. Une promesse de profondeur, de poésie, et d’une quête sincère de soi.

