C’est une attaque en règle contre la vacuité contemporaine que signe Zach Tabori avec Attack of the Clout Chasers. À la croisée du manifeste satirique, de l’opéra dystopique et de l’exploration sonore débridée, ce concept-album est sans doute son œuvre la plus dense à ce jour. Loin de ses compositions pop coécrites pour Téo ou Jaden Smith, le musicien californien, aujourd’hui membre du groupe de Dweezil Zappa, assume ici un virage total vers l’absurde éclairé et la provocation orchestrée.
Dès “ROTTEN”, ballade nue à la guitare acoustique, Tabori dresse le décor : celui d’un monde rongé par l’angoisse existentielle. Puis tout explose avec “NANN RAY”, fresque sonore où se télescopent guerre mondiale fictive, invasion interdimensionnelle et jazz free, dans un patchwork qui ferait pâlir les Monty Python.
Chaque morceau est une loupe sur nos travers : “THIN WHITE SHIRT” démonte les masculinités en crise à l’ère Instagram ; “TALIBAN BOOGIE” frappe l’industrie de l’armement avec un groove impitoyable. Même “JAZZ TO SHOWCASE OUR MUSICIANSHIP” moque le narcissisme artistique tout en le sublimant avec une virtuosité désarmante.
Le sommet arrive avec “VANITÉ OU LA MORT”, duel sonore entre Tabori et Dweezil Zappa, où la guitare devient arme idéologique. Et quand tout semble s’effondrer, “END OF THE FUCKING WORLD” offre une sortie orchestrale d’une beauté tragique, illustrée par un clip chorégraphié comme un chant du cygne.
Plus qu’un album, Attack of the Clout Chasers est une fresque sonore qui hurle avec élégance contre le vide numérique. Tabori signe ici une œuvre d’auteur : drôle, furieuse, percutante, et indéniablement vivante.