Avec « I’m No Good But I No Evil », Beaugé signe un morceau aux allures de manifeste spirituel, ancré dans la mémoire haïtienne et porté par une urgence universelle. Plus qu’un single, c’est un appel — à la lucidité, à la responsabilité, à la rupture avec les chaînes invisibles qui brident l’humanité.
Dès les premières mesures, la production du vétéran Kount Koal Harrison pose le décor : un beat sobre, grave, traversé de textures organiques, comme une prière murmurée au cœur du chaos. Sur cette toile en clair-obscur, Beaugé déroule son verbe avec la précision d’un chirurgien de l’âme. Son flow, toujours maîtrisé, découpe le silence sans jamais trahir la gravité du propos. Il ne joue pas — il raconte, il incarne, il élève.
Les mots claquent : « I’m No Good But I No Evil ». Une formule frappante, qui refuse l’innocence passive. Ici, la connaissance est un point de non-retour. Une fois la conscience éveillée, rester inerte devient un choix — et donc une faute. Beaugé convoque les forces spirituelles de ses racines ayitiennes pour rappeler que l’histoire se fait aussi au présent, à travers nos actes et nos silences.
Dans un paysage musical parfois obsédé par l’ego et l’image, ce morceau détonne. Il appelle à l’introspection tout en gardant les pieds dans le bitume. Beaugé se positionne comme un griot moderne, un témoin lucide de notre époque, armé d’une plume affûtée et d’une voix pleine de feu.
Avec « I’m No Good But I No Evil », il ne s’agit pas seulement de musique. Il s’agit de mémoire. De combat. D’espoir. Et à travers tout cela, d’un artiste qui s’impose comme l’un des plus passionnants conteurs de vérités du rap contemporain.