Il y a des projets qui ne s’imposent pas, ils se déposent. Doucement, patiemment. « Camino », le nouvel EP de Plàsi, appartient à cette catégorie de musique qui se vit plus qu’elle ne se consomme. En cinq titres ciselés entre Stockholm et Amsterdam, le chanteur greco-suédois esquisse une carte intérieure, un itinéraire personnel qui parle pourtant à chacun.
Derrière ce mot espagnol qui signifie « chemin », Plàsi trace le sien avec une sincérité rare. On l’avait déjà connu pour ses arrangements délicats et sa voix fragile, mais ici, quelque chose s’ouvre. Il mêle ses racines acoustiques à une production plus ample, plus lumineuse, mais jamais tape-à-l’œil. C’est une musique qui respire, ancrée dans le vivant.
« Father’s Eyes » ouvre la marche sur un fil émotionnel tendu. La guitare est nue, la voix tremble à peine, mais le poids des silences dit tout d’un héritage qui pèse. Puis vient « Waiting for Signs », apaisé, suspendu, comme une conversation intérieure qui attend sa propre réponse. On pense à José González ou Ben Howard, pour ce folk épuré, atmosphérique, qui ne cherche pas l’effet mais l’écho.
Avec « Efiga », chanté en grec, Plàsi convoque ses racines avec une pudeur bouleversante. C’est un chant brumeux, presque incantatoire, qui évoque la Méditerranée sans jamais la nommer. Un poème chuchoté entre deux rivages. Plus loin, « Heights » prend de l’altitude, s’autorise une touche d’expérimentation. On flotte, porté par un souffle narratif, presque cinématographique.
Et puis, en bout de route, « Camino » referme le périple avec un groove discret, presque solaire. Là où tout avait commencé dans l’introspection, on termine dans l’acceptation. Le chemin ne promet rien d’autre que le mouvement.
Plàsi signe ici un disque court mais dense, modeste dans la forme, grand dans l’intention. Une œuvre libre, fidèle à ses émotions, qui nous rappelle qu’il y a une force immense dans le fait de rester soi-même, en musique comme dans la vie.