Dans le brouillard musical de Manchester, certaines voix s’élèvent pour mieux chuchoter. Digging for Kanky, formation qui puise son nom dans une légende urbaine locale autour d’un pilleur de tombes, poursuit sa quête d’un son aussi ténébreux qu’authentique. Leur nouveau titre, « Send Me Away », s’inscrit dans cette démarche : un morceau qui conjugue profondeur émotionnelle et atmosphère crépusculaire.
Le duo manie l’art du contraste. Une basse lourde, presque souterraine, dialogue avec des nappes mélodiques aériennes. La voix, tour à tour fragile et incantatoire, glisse sur une production downtempo teintée de trip-hop, héritière d’une tradition britannique mais façonnée à leur image. Rien n’est plaqué, tout semble jaillir d’une nécessité intérieure, comme si la ville elle-même prêtait ses murs et ses silences au morceau.
On retrouve dans « Send Me Away » cette capacité à installer une tension qui ne se résout jamais totalement. Une esthétique où la beauté naît de l’inconfort, où chaque note paraît suspendue entre l’ombre et la lumière. Ce n’est pas seulement une chanson, mais un décor sonore dans lequel l’auditeur se perd, volontairement, comme happé par une errance intérieure.
Avec ce titre, Digging for Kanky confirme sa singularité : un groupe qui ne cherche pas à séduire par l’évidence, mais à marquer par l’atmosphère, la sincérité et une poésie noire qui lui est propre.

