Sous la voix chaude et légèrement voilée de Chellcy Reitsma, Carpe Diem s’impose comme un manifeste vibrant : celui d’une artiste qui regarde la vie droit dans les yeux, avec un mélange de force et de fragilité. Née d’un métissage culturel — hollando-américain — et d’une palette musicale qui embrasse le blues, l’alt-rock, le rockabilly et l’Americana, Reitsma tisse ici un album à la fois introspectif et exaltant, où chaque titre devient un instant saisi, un souffle qu’on ne veut pas laisser filer.
Dès les premières mesures, le disque révèle cette texture sonore à la fois vintage et organique, traversée d’échos de guitares et d’une production volontairement humaine. Le titre éponyme, Carpe Diem, en est le cœur battant : un hymne bluesy porté par des lignes de guitare souples et un refrain lumineux, où la voix s’élance avec une expressivité rare. À l’autre bout du spectre, Artist’s Plight choisit la sobriété d’un spoken word chargé de gravité, évoquant les luttes intérieures de la création avec des mots choisis, presque murmurés.
Entre ces deux pôles, Rock ’N’ Roll Soul et Rock ’N’ Roll Lover injectent une énergie brute, héritée des années cinquante, sans jamais sombrer dans la simple nostalgie. Happy New Year et I Ran Away révèlent une facette plus intime, où la mélodie épouse la confession, comme une main tendue au passé.
Avec Carpe Diem, Chellcy Reitsma signe un album sincère, texturé et généreux. C’est une œuvre qui rappelle que la musique peut encore être un acte de présence — un moyen de dire : « je suis là, et je choisis de vivre ».

                                    