À contre-courant des œuvres qui cherchent l’éclat immédiat, « The Hole », le nouvel EP de R.M. Hendrix, s’installe dans une pénombre assumée. L’artiste y orchestre une descente intérieure, lente et méthodique, où la mélancolie devient matière vivante et la solitude, un espace de respiration. Rien ici n’est pressé : chaque morceau semble prendre le temps de s’enfoncer, de s’écouter résonner.
L’influence de Haruki Murakami traverse le projet en filigrane. Comme dans les récits de l’écrivain japonais, les puits et cavités ne sont pas de simples symboles d’enfermement, mais des zones de bascule mentale. « The Hole » fonctionne ainsi comme un seuil, un lieu transitoire où le retrait du monde ouvre sur d’autres perceptions. R.M. Hendrix n’y promet jamais une véritable sortie, seulement une pause, fragile et nécessaire.
Majoritairement instrumental, l’EP est encadré par deux chansons plus formelles, qui servent de repères dans cette dérive introspective. « An Escape » ouvre le disque sur une idée de fuite et d’effacement face au bruit quotidien. Un son aérien, la voix du chanteur flotte sur une instrumentation minimaliste à la construction expérimentale, l’artiste donne le ton. Plus loin, « How Is It in Reykjavík? », écrit en 2023, résonne comme un message envoyé de loin, chargé d’une aliénation diffuse et d’une atmosphère lourde.
Certains morceaux puisent dans des expériences antérieures. « You Are Lost » et « Seas Within Seas » réinvestissent des thèmes issus d’une performance improvisée à Reykjavík en 2024, ici retravaillés avec une rigueur contemplative. Les titres plus récents, « Stars at Noon » et « The Body Passing Where the Body Is Not », élargissent encore le spectre émotionnel.
Entre piano, guitare, synthétiseurs, cuivres et field recordings, « The Hole » se déploie comme un voyage sonore cinématographique à découvrir au plus vite.

