Sous le nom d’Hedmark, se cache un projet norvégien singulier, façonné par un seul homme, Gunnar Kjellsby. Avec « Deer Cross The River », extrait de son premier album éponyme, l’artiste dévoile une œuvre qui respire le froid et la mélancolie des paysages scandinaves. Dix morceaux comme autant d’échos d’hivers anciens, enracinés dans la terre et les souvenirs de la région dont le projet tire son nom.
La chanson s’ouvre sur des riffs électriques accrocheurs, d’abord incisifs, puis se fondant dans une texture sonore plus atmosphérique, presque hypnotique. L’énergie du morceau repose sur un subtil équilibre : la puissance brute du post black metal rencontre la profondeur émotionnelle du post rock et la brume délicate du shoegaze. Le tout se teinte d’une sensibilité gothique, palpable dans les harmonies vocales et l’intensité dramatique qui s’en dégage.
Le chant, à la fois rauque et clair, traverse le morceau comme une incantation. Il ne cherche pas à dominer, mais à accompagner cette rivière sonore, tantôt calme, tantôt torrentielle. Hedmark compose ici une pièce d’une grande cohérence : les guitares scintillent, la batterie avance comme un cœur battant dans le brouillard, et chaque note semble porter la mémoire d’un paysage enneigé.
« Deer Cross The River » s’écoute comme une traversée – une immersion dans une noirceur belle, habitée, et étonnamment apaisante. Une introduction magistrale à l’univers d’Hedmark, où la froideur devient poésie.