Il y a des groupes qui surgissent comme des météores, laissent une empreinte éphémère et disparaissent. D’autres, à l’image de Delta of Venus, avancent à pas feutrés, peaufinant leur identité sonore dans l’ombre avant de frapper fort. Avec « Disengaged b/w Slipping », le quatuor indie pop/shoegaze de Mystic, Connecticut, signe un retour aussi envoûtant que mélancolique.
Dès les premières notes de « Disengaged », le ton est donné : une rythmique incisive, des guitares vaporeuses et cette voix, celle d’Issy, qui flotte entre vulnérabilité et éclats passionnés. Il y a quelque chose de cinématographique dans cette montée en intensité, une tension sous-jacente qui capte l’oreille et ne la lâche plus. Les paroles, empreintes de doutes et de regrets, résonnent comme un cri intérieur : « I think I struck out again / I know you can feel it but I can’t ».
Puis vient « Slipping », et l’ambiance change. Plus éthérée, presque onirique, la chanson se dévoile lentement, portée par une mélodie cristalline qui rappelle les heures glorieuses de la dream pop. Mais sous cette douceur apparente, une ombre persiste, un sentiment d’instabilité qui transparaît dans les mots : « Reel myself back in / This time can’t be different from the last ».
Avec ce double single, Delta of Venus prouve qu’il maîtrise l’art des contrastes. Une plongée dans les méandres du shoegaze, où la lumière et la brume cohabitent avec une élégance rare.