Derrière ses accords lumineux et ses guitares qui crépitent comme l’asphalte en plein été, Penelope de Desert Man dissimule une fêlure. Celle d’une figure insaisissable, une héroïne contemporaine ballottée entre désir, insatisfaction et désinvolture. Une chanson qui ne se contente pas de sonner bien – elle raconte, elle interroge, elle dérange presque.
Il y a d’abord ce groove chaleureux, presque solaire, sur lequel vient se poser une mélodie entêtante aux accents lo-fi. On pense aux Strokes pour l’énergie crue, à The Lemonheads pour l’ironie mélancolique, et au Springsteen de Born to Run pour l’ampleur quasi cinématographique. En fin de morceau, un clin d’œil vocal aux Beatles achève de brouiller les pistes. Desert Man ne se contente pas de convoquer ses influences – il les fond dans une esthétique singulière, élégante et rageuse.
Mais le vrai sujet, c’est Penelope elle-même. Une figure fictive, certes, mais tellement réelle dans sa manière de courir après ce qu’elle a déjà, de rejeter ce qu’elle croyait vouloir. À travers elle, Desert Man dresse un portrait au vitriol d’une époque rongée par l’ennui malgré l’abondance. Une allégorie de notre rapport au monde, aux autres, à nous-mêmes.
Penelope, c’est l’instantané d’une génération qui doute derrière ses filtres dorés. Et Desert Man réussit le pari rare d’allier réflexion et intensité dans un même souffle musical.