Vous pouvez croiser ses œuvres un peu partout dans Paris, surtout du côté de Montmartre mais Grégos s’affiche aussi à l’étranger. La preuve dans la vidéo ci-dessous d’un reportage réalisé par la BBC sur le Brexit (53eme seconde) . Tantôt souriant, fâché ou triste, le visage de l’artiste s’affiche sur les murs de nombreuses capitales européennes, suscitant des réactions de curiosité, de rejet parfois. Ce qui est sûre, on le remarque et ça ne nous laisse pas insensible. Peintre et sculpteur, nous avons voulu en savoir un peu plus sur l’artiste aux multiples facettes
1- D’où viens-tu et qu’est-ce que qui t’a donné envie de te lancer dans le tag ?
En fait j’ai commencé très jeune vers 8-10 ans, avec des sculptures en sable, en craie ou en bois, ainsi que pas mal de dessins.
J’ai grandi à Arnouville Les Gonesse dans le val d’Oise et à l’âge de 15 ans je me suis retrouvé au lycée de Goussainville. Ce lycée avait très mauvaises réputation. Dans ma classe il y avait des jeunes de tous les quartiers de la région. Certains taguaient sur les murs du lycée, en écoutant du hip hop, je trainais avec eux quand on séchaient les cours. A cette époque, je ne taguais pas encore, je regardais.
2- Tu te souviens du premier Tag que tu as fait ?
Mon premier tag à la bombe aérosol a été avec les potes de mon quartier. Nous étions bourrés de conneries que l’on appelait nos « missions », toutes sortes de bêtises. Les quartiers sont souvent en conflit les uns contre les autres, le tag était pour nous le moyen de marquer notre « territoire » et d’écrire nos noms le plus possible. Le graffiti est venu après, toujours nos noms mais en grands et gros formats. Toujours la nuit, parfois sur les chemins de fer de la ligne D.
3- Qu’est-ce que tu as appris à ce moment-là qui te sert encore aujourd’hui ?
A être sur mes gardes, et à aimer les rues la nuit.
4- Quels est l’artiste qui t’impressionne le plus ?
Je suis désolé mais aucun ne m’impressionne.
5- Qu’est-ce que ça te fait de savoir que tu attires autant la curiosité ?
Cela me rassure sur mon travail.
6- Qu’est-ce qui définit le choix de l’expression du visage que tu vas coller ?
Les couleurs environnantes, la matière du mur, le paysage du fond pour mes photos, le mobilier urbain ou ce que je prends pour des « signes ».
7- Beaucoup de « tagueurs » font des repérages. Comment ça se passe dans ton cas pour trouver un bon spot ?
Je ne pense pas qu’un tagueur fasse des repérages, le tag est aussi rapide à réaliser qu’une signature. C’est aussi une signature, par contre un graffeur va faire son repérage car il va passer beaucoup de temps à peindre sur place. Me concernant, je trouve mes « spots » au gré de mes promenades. Concernant Paris, ville où j’habite, je peux me permettre de prendre mon temps. Lorsque j’investis une autre ville, je cible surtout les centres villes, en collant sur mon chemin, et en suivant mes « signes ».
8- Si on partait à la chasse au Gregos, quel indice tu nous donnerais pour arriver à en localiser un maximum ?
Je vous dirais d’aller dans mon quartier de Montmartre, et si vous êtes ailleurs, ne les cherchez pas, c’est eux qui vous trouveront.
9- Tu as collaboré avec de nombreux artistes étrangers qui ont peint sur tes visages. Expliques-nous comment ça se passe ?
En fait je ne choisis pas. Mes visages sont en vente sur mon site, les gens les achètent pour les peindre. Au début, ils me les renvoyaient pour que je les installe sur un mur, mais maintenant ils les gardent tous et je les comprends. Du coup, j’ai arrêté ces collaborations.
10- Tu as des anecdotes de tes virées nocturnes à nous raconter ?
Je n’ai pas trop d’anecdotes nocturnes car je suis souvent seul. Je me fais discret et ne suis donc qu’un observateur de ce qui se passe autour de moi.
La meilleur pour moi fut lors de mon dernier séjour à Londres, il faisait nuit et j’étais passé voir un artiste. Sur le chemin, j’avais repéré un mûr noir et me suis dit que j’allais y revenir. Je me suis mis à préparer ce collage dans la petite boutique de mon ami artiste. C’est alors qu’est arrivé un homme, il connaissait mon ami. Et, me voyant préparer mon installation, a commencé à dire mon nom, et à se présenter. Il s’agissait de l’artiste londonien STIK, qui a fait le guet pendant mon installation. J’ai été très honoré.