Il y a chez Kalyn Beasley cette sincérité brute que seuls les grands raconteurs savent distiller. Avec « Had To Go There », dévoilée ce printemps, l’auteur-compositeur du Wyoming nous entraîne dans une introspection sans fard, là où mémoire et mélancolie s’entrelacent sans jamais s’excuser.
Derrière cette voix légèrement râpeuse et habitée, se devinent les sillons d’une vie loin des paillettes : Beasley a été cowboy, pilote de brousse et libraire. Ce vécu, il le dépose avec pudeur sur des ballades folk taillées dans le granit de l’âme. « Had To Go There » n’échappe pas à la règle. Ici, chaque accord résonne comme un écho du passé, chaque mot sonne juste – parfois trop juste – tant il convoque les fantômes de ce qu’on croyait avoir laissé derrière.
Pas de grands effets ni de refrains accrocheurs : la force du morceau tient dans sa retenue. Guitare épurée, mélodie suspendue, ambiance crépusculaire… Beasley maîtrise l’art de dire beaucoup avec peu. Le Wyoming n’est jamais loin, en toile de fond. Mais c’est l’intime qui prime, ce moment précis où l’on retourne sur les lieux du cœur brisé, non pas pour raviver la douleur, mais pour la comprendre.
« Had To Go There » s’écoute comme on rouvre une vieille lettre : avec appréhension, tendresse et une pointe d’inévitable nostalgie. Kalyn Beasley, lui, continue d’écrire l’Amérique avec une plume trempée dans la poussière et l’honnêteté.