Il y a des chansons qui claquent comme un coup de volant dans un virage inattendu. “4 Tha Ride”, le nouveau single de Kay Greyson, fait partie de celles-là. En à peine trois minutes, l’artiste britannique transforme le chaos contemporain en bande-son rythmée, vibrante, furieusement lucide.
Le point de départ est simple : ces dernières années ont laissé l’impression que le monde déraille, que l’on subit plus qu’on ne choisit. Greyson ne tente pas de remettre l’ordre. Elle l’embrasse, en fait une matière vivante. Avec un flow affûté et agile, elle alterne les attaques frontales et les glissades mélodiques, déployant une palette vocale qui accroche l’oreille autant qu’elle saisit l’esprit.
Ce qui frappe dans “4 Tha Ride”, c’est cette fusion maîtrisée des genres. Le beat évoque des influences jazz discrètes, la structure flirte avec la pop, mais c’est le nerf rap qui dirige l’ensemble. L’énergie frôle parfois l’attitude punk, sans jamais perdre de vue une forme de douceur – cette ironie tendre avec laquelle Greyson évoque notre impuissance collective. “On est juste là pour la balade”, semble-t-elle nous souffler, casque vissé sur les oreilles.
Ce morceau confirme l’une des forces majeures de Kay Greyson : transformer le trouble en art, sans sacrifier le groove. Une virée musicale, oui, mais avec les phares allumés sur un avenir qu’on espère un peu moins déjanté.