Kitty Coen signe avec Conversations with the Moon un album qui ne ressemble à rien d’autre. Disponible sur toutes les plateformes, ce disque s’écoute comme un film étrange et envoûtant, où chaque morceau est une scène soigneusement orchestrée. L’artiste, connue pour sa capacité à fusionner la country alternative, le folk indie et le southern gothic, refuse les étiquettes et trace sa propre voie.
L’ouverture, « tell my mother », est une confession suspendue. Violons majestueux, guitare minimaliste et une voix qui oscille entre tendresse et désespoir : dès les premières notes, Coen plante le décor d’une nuit où la lune semble être la seule spectatrice. Puis surgit « coca!ne jacket », plus rythmé, avec des lignes de guitare chaleureuses et une production nerveuse qui distille une tension moite et sulfureuse. Ici, le jeu est clair : Kitty transforme l’énergie brute en confidences murmurées et en moments de séduction nocturne.
La douceur revient avec « illinois royalty », une ballade pop-folk où la voix de l’artiste, magnifiquement timbrée, s’élève sur une instrumentation riche et voluptueuse. « bright eyes » poursuit dans cette veine, légère et aérienne, offrant un moment d’évasion pure, presque suspendu. Entre ces deux pôles, l’album navigue avec audace : de la tension hypnotique de « Grave Dancin’ » à la mélancolie de la chanson-titre, chaque titre révèle un univers singulier, visuel et sonore.
Conversations with the Moon se lit comme une collection de paysages nocturnes peuplés de silences lourds et de murmures à la lune. La voix de Coen, tour à tour vulnérable et farouche, guide l’auditeur à travers ces décors sonores à la David Lynch ou Ti West, où la beauté se teinte d’une inquiétante étrangeté.
L’album est né de ces nuits où seule la lune semble écouter, explorant le désir de connexion, l’isolement et la nécessité de se créer un refuge imaginaire. Kitty Coen y injecte des références à la pop sombre et séduisante — entre les sortilèges de American Horror Story: Coven, les mystères de Sharp Objects et l’Amérique hantée de The Skeleton Key. Résultat : un disque qui ne se contente pas de traverser les genres, mais qui les réinvente, avec une intensité et une personnalité rare.
Avec Conversations with the Moon, Kitty Coen ne joue pas la sécurité. Elle peint un monde à la fois intime et cinématographique, un espace où la musique devient exorcisme et où chaque note murmure à la lune.

                                    