Le retour de Lorde s’annonce aussi audacieux que viscéral. À moins d’un mois de la sortie de Virgin, son quatrième album studio, la chanteuse néo-zélandaise dévoile « Man of the Year », un titre à la fois introspectif et provocateur, qui s’impose comme une charnière centrale de son nouveau récit artistique.
Tout part d’un trouble. Lors de la cérémonie des GQ Men of the Year en 2023, Lorde confie avoir ressenti une dissonance profonde : « Je ne me suis jamais sentie aussi peu féminine qu’à cette soirée ». Ce malaise devient le terreau fertile d’une chanson écrite dès le lendemain, en collaboration avec le producteur Jim-E Stack. Sur une production dépouillée, presque clinique, elle laisse éclater une confession décomplexée : « Je suis l’homme de l’année pour moi-même ».
La chanson, d’une honnêteté déroutante, explore la fluidité du genre et l’affirmation de soi sans fard. Elle réunit les fantômes sonores de ses précédents albums – le minimalisme de Pure Heroine, l’intensité de Melodrama et le regard désenchanté de Solar Power – dans une œuvre fusionnelle et magnifiquement inconfortable.
Lorde incarne visuellement cette renaissance dans un clip saisissant, tourné dans un loft couvert de terre, métaphore d’un retour à l’essentiel. Elle y performe en bandeau de poitrine, se libérant des codes genrés dans une chorégraphie viscérale, presque rituelle.
Avec « Man of the Year », Lorde signe l’une de ses pièces les plus puissantes. C’est une prise de parole artistique, intime, universelle – une remise à nu dans un monde qui exige des masques.